Quartiers prioritaires de la ville : nouvelle méthode pour de nouvelles actions !
M. Emmanuel Macron a déclaré lors de son discours du 22 mai 2018 que « nous devions inventer une méthode et un rythme différents » pour les quartiers.
Le président de la République a réuni à l’Elysée le « conseil présidentiel des villes », composé de 25 personnes, notamment issues des quartiers, et a exposé sa philosophie, sa méthode et de nouvelles actions en faveur des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
La politique de la ville menée depuis des décennies a globalement été un échec ; aujourd’hui, les QPV concentrent les difficultés : chômage 2,5 fois supérieur à la moyenne, échec scolaire, pauvreté, délinquance, radicalisation… « Il y a des choses qui ont été faites. Il faut les saluer. Mais on est arrivés au bout de ce qu’on pouvait faire avec cette méthode ».
Le temps est venu d’un changement profond : nous ne pouvons pas nous contenter d’un énième « plan banlieues ». « Nous devons inventer une méthode, un rythme différent ».
- Changement de vision : la politique de la ville doit être un retour des politiques de droit commun et non une politique à part, « une politique d’émancipation et de dignité »
- Changement de méthode : mobiliser tous les acteurs autour de projets locaux au lieu de réinventer de grands dispositifs qui viennent d’en haut ;
- Changement de rythme : prendre des engagements concrets et vérifier les avancées régulièrement au lieu de lancer un grand plan et de dresser le bilan 3 ans plus tard.
Depuis 1 an, l’ensemble du Gouvernement s’est mobilisé : sanctuarisation des crédits politique de la ville sur le quinquennat (à hauteur de 430M€) ; doublement du financement de l’ANRU (à hauteur de 10 Mds€) ; lancement de la police de sécurité du quotidien ; dédoublement des CP en REP+ ; lancement de l’expérimentation des emplois francs ; création de maisons de santé.
Un important travail de co-construction a été mené, avec par exemple l’organisation de groupes de travail ayant mobilisé 15 000 participants par le ministère de la Cohésion des territoires. Dans ce cadre, le rapport Borloo est une contribution utile au débat. Il reprend de nombreux dispositifs déjà mis en œuvre par le Gouvernement et d’autres mesures plus innovantes.
Le Président s’est aujourd’hui engagé sur de nouvelles actions, articulées autour de 3 priorités :
1. Garantir les mêmes droits à tous ;
2. Favoriser l’émancipation par l’éducation, la formation et l’emploi ;
3. Faire République.
Les engagements pris feront l’objet d’un suivi régulier, avec des rendez-vous tous les 2 mois, qui se tiendront également pour les engagements pris pour les territoires ruraux. Pour les QPV, ces points d’étape seront organisés par le Conseil présidentiel des villes.
Ils ne pourront être mis en œuvre qu’à travers une mobilisation générale :
- Collectivités territoriales : communes, métropoles, agglomérations, départements, régions ;
- Associations, à qui il sera donné une plus grande visibilité en matière de financement, avec la fin des appels à projet au profit de financements plus pérennes, et qui seront pour certaines accélérées dans le cadre de French Impact (déjà 20 projets accompagnés) ;
- Citoyens : création d’une plateforme participative en juillet pour faire remonter les problèmes et les idées, et assurer la transparence de l’action publique ;
- « L’Etat sera mobilisateur, facilitateur et garant ».
Mesures annoncées :
1. Garantir les mêmes droits à tous, mais des droits réels. « La politique de la ville de doit pas être une politique de différenciation mais une politique des mêmes droits. »
- Sécurité et justice : 13 00 agents de plus déployés d’ici 2020 ; meilleure coopération avec la police municipale ; échanges entre les préfets et les maires sur le fichier FSPRT pour mieux lutter contre le terrorisme ; plan de mobilisation contre le trafic de drogue.
- Logement et aménagement : refonte de l’ANRU ; lancement de l’opération « Cœur de quartier » en juillet ; nouvelle politique de peuplement pour « arrêter de mettre les populations de primo-arrivants dans les quartiers déjà sensibles ».
- Equité territoriale : instance de recours « dans laquelle le Parlement peut avoir un rôle important » qui conduira des débats d’évaluation de l’équité territoriale.
- Equipement : opérateur de rééquilibrage mobilisant financements publics et privés.
2. Favoriser l’émancipation, « pour que chacun puisse choisir sa vie »
- Education : favoriser la construction de crèches avec 1 000€/place financés par l’Etat dans les QPV ; 2 adultes/classe en maternelle avec accompagnement des communes par l’Etat pour recruter les ATSEM ; pour les stages de 3ème, bourses des stages à la rentrée 2018 avec 30 000 stages proposés (15 000 entreprises /15 000 Etat) ; visibilité financière donnée aux associations sportives et culturelles sur le quinquennat ; quotas de boursiers dans Parcoursup ; tutorat généralisé dans les grandes écoles qui rémunèrent leurs élèves.
- Emploi / formation : ouverture de « prépas apprentissage » dans tous les CFA et lycées professionnels volontaires des quartiers à la rentrée 2018 ; développement des CFA ; généralisation des emplois francs et de l’expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée » ; mobilisation des acteurs privés (réunion du SBF 120 à l’Elysée en juillet ; ex. d’engagement concret : 10% des emplois de maintenance et construction pour les JO 2024 seront réservés aux publics en insertion.)
3. Faire République
- Lutte contre le racisme et l’antisémitisme, notamment à travers la formation des maîtres, qui sont parfois démunis face à des discours racistes ou antisémites.
- Lutte contre les discriminations. Généralisation du testing : 40 entreprises du SBF120 testées l’an prochain, toutes à horizon 2020, testing dans le public ; mobilisation générale de tous les partenaires sociaux à l’automne. « C’est un élément essentiel pour crédibiliser tout le reste ».
- Egalité hommes/femmes. Référents égalité dans les écoles ; refonte de l’éducation à la sexualité. « Il n’y a pas de fatalité sur ce sujet ».
- Lutte contre la radicalisation : « un chemin de crête : être intraitable sur toute forme de radicalisation, sans stigmatiser une religion ». Coordinateur de la stratégie nommé dans les prochains jours ; « il faut construire des héros républicains qui viennent des quartiers, auxquels ces jeunes puissent s’associer ; donner à notre jeunesse d’autres modèles ».