Ma question à M. Jean-Pascal Tricoire, président-directeur général de Schneider Electric en Commission aux affaires économiques
Mercredi 17 juin, j’ai posé la question suivante à M. Jean-Pascal Tricoire, président-directeur général de Schneider Electric lors de son audition par la Commission aux affaires économiques
« Monsieur le Président,
Depuis plusieurs années, le groupe Schneider Electric propose des solutions afin d’accélérer la transition vers une économie bas carbone. Ainsi, selon le classement IMPAK, votre groupe est celle qui génère le plus d’impact positif sur la planète et la société au sein du CAC 40. La présence commerciale de votre groupe en Asie a été multipliée par huit ces dernières années.
Ma question est la suivante : comment Schneider Electric compte-t-il participer à la reconstruction écologique de notre économie ? Schneider Electric envisage-t-il relocaliser une part de sa production d’avenir en France, je pense à la digitalisation et la robotisation ? »
La réponse de M. Jean-Pascal Tricoire, président-directeur général de Schneider Electric :
" Première question qui porte sur la connexion entre l’Asie et la relocalisation. Il faut revenir un peu dans l’histoire de Schneider. Lorsque Henri Lachmann m’a prêté les clefs de la direction de Schneider, il y a 15 ans, on était une toute petite société car on faisait 8 Milliards de CA au niveau mondial face à des concurrents mondiaux européens qui faisaient plus de 100 Milliards. Il fallait vite bouger car on sortait de la fusion refusée avec Le Grand donc il fallait retrouver une dynamique. On a fait deux paris à l’époque, celui du digital, et puisqu’on nous interdisait de croitre en Europe c’est ce que signifiait la décision sur Le Grand, d’aller chercher avec les dents la croissance à l’international. Ce que nous avons fait en Amérique du Nord, en Afrique, au Moyen Orient, en Amérique du Sud mais lorsqu’on regarde la carte du monde, l’Asie c’est plus de 50 % de la population mondiale. C’est le centre de l’urbanisation mondiale, de l’industrialisation mondiale, de la digitalisation mondiale, et effectivement nous avons multiplié par 8 notre présence dans cette partie du monde. On continue à se renforcer avec l’acquisition de Larsen & Toubro.
Ceci dit, j’ai participé à la campagne de création de Schneider en Chine dans les années 90, j’ai toujours considéré qu’on était tellement distant en culture, en manière de faire, que certes le monde serait global mais il serait avant tout multi-local. Aujourd’hui nous opérons Schneider autour de pôles, il y a un pôle asiatique qui travaille pour lui-même au niveau local.
Et cela pour des raisons assez simples, si vous voulez votre empreinte carbone, il n’y a pas d’autres sujets que des Supply Chain courtes donc très proche du client. Si vous voulez gagner de la part de marché, ce n’est pas un sujet de taille, il faut être rapide pour s’adapter aux besoins du client. Ça ne marche pas en faisant de l’export à très longue distance. Troisième point, dans un monde qui est secoué par des inégalités, pour des raisons réelles, si vous voulez que les entreprises soient acceptées il faut faire participer les communautés locales. Fournisseurs locaux, intégrateurs locaux, et pas apporter les choses de l’extérieur. Pour ces raisons, nous avons toujours regardé le sujet de la localisation par grande région ou grand pôle régional.
En France, on a un énorme potentiel dans le bâtiment efficace, industrie du futur, villes intelligentes, etc. Il faut qu’on fasse de la France, le premier démonstrateur de ces technologies du futur. Et ça créé beaucoup d’emplois. Plus il y a du business en France et en Europe, plus ça créé de l’espace pour la localisation. Mon prédécesseur disait : « Schneider c’est l’exemple d’une entreprise relocalisée, délocalisée en France car on produit beaucoup plus en France qu’on y vend ». Et cela par un gros facteur, donc ce qu’il faut c’est développer le potentiel de l’Europe."