Congrès de Versailles : ce qu’il faut retenir du discours du Président Macron
Le président de la République s’est exprimé aujourd’hui devant le Parlement réuni en Congrès, à Versailles.
Le Président a montré un cap clair : être plus fort pour être plus juste ; une priorité pour l’année qui vient : construire l’Etat-providence du XXIème siècle
Humilité et résolution
Nous avons vu un président humble, résolu et lucide prononcer un discours ambitieux et clair : « je sais que je ne peux pas tout, je sais que je ne réussis pas tout. Mon devoir est de ne jamais m'y résoudre et de mener inlassablement ce combat ». Il a tenu un discours d’humilité pour lui, mais pas pour la France car, pour la France et pour les Français, le Président de la République a le devoir de viser haut.
Le Président a coupé court à la vaine polémique sur le Congrès
Il a annoncé avoir demandé au Gouvernement de déposer dès cette semaine un amendement qui lui permettra, lors du Congrès de l’année prochaine, de rester pour écouter les réactions des différents groupes politiques, et de leur répondre.
Une année d’engagements tenus
Le président de la République a souligné les « chantiers d'une ampleur jamais vue » engagés depuis un an par les parlementaires, qui n’ont jamais perdu de vue « la mission assignée par les Français ».
Le président de la République a rappelé les principales avancées obtenues pour les Français lors de l’année qui s’est écoulée : l’investissement est reparti, le scandale du tirage au sort à l’université a été réglé, l’école a retrouvé sa place, l’état d’urgence a été levé tout en renforçant notre arsenal juridique contre le terrorisme, la rémunération du travail a été améliorée, les blocages du marché du travail ont été levés, la SNCF a été sauvée, et les finances publiques ont été rétablies pour la première fois depuis plus de dix ans. En somme, l’année écoulée a été l’année des engagements tenus. « Ce que nous avons dit, nous l’avons fait ».
Un cap clair : être plus fort pour être plus juste
Le Président a présenté le « projet français » qui met en cohérence l’année écoulée avec les quatre à venir : une économie forte et une société solidaire vont faire à nouveau de la France une grande puissance. « Notre action est un bloc, elle est une cohérence ».
La politique conduite n’est pas une politique pour les riches. C’est « une politique pour les entreprises, (…) pour toute la nation, une politique pour l’emploi, une politique pour les services publics. »
Le Président a expliqué être pleinement conscient du décalage entre l’ampleur des réformes engagées et les résultats déjà ressentis. Il a dressé le cap des mois et des années à venir :
- Une économie forte grâce à la reprise de l’investissement et grâce au rappel d’une loi très simple : pour qu’il y ait un gâteau à partager, il faut d’abord qu’il y ait un gâteau. Ce gâteau, il est le résultat de l’action des entreprises. C’est pourquoi il est absurde de prétendre qu’aider les entreprises revient à aider les riches : c’est tous les Français que nous aidons en consolidant notre économie. Nous devons « être forts pour être plus justes » et la clef d’une économie forte, « c’est l’investissement ». ;
- Un projet de société qui s’attaque aux inégalités de destin car ce sont elles qui sont le plus scandaleuses en France : « Le modèle français que je veux défendre exige que ce ne soient plus la naissance, la chance ou les réseaux qui commandent la situation sociale, mais les talents, l’effort et le mérite ! ». C’est au nom de ce projet que le Président de la République fait de l’éducation « le combat de notre siècle », dans la perspective de pouvoir permettre ensuite l’émancipation par le travail.
La priorité de l’année qui vient : la construction de l’Etat-Providence du XXIème siècle
- Plus universel : pour mieux couvrir les risques de chômage de chacun indépendamment de son statut (indépendant, agriculteur, CDD, etc.) ; pour mieux protéger, lors du passage en retraite, les titulaires de carrières hachées (il en a profité pour tordre définitivement le cou à la fake news sur les pensions de réversion : « rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui ».
- Plus efficace : reste à charge zéro et transformation de l’offre de soins sur le territoire qui sera présentée à l’automne ;
- Plus protectrice des plus fragiles : à commencer par les enfants, les plus pauvres et les plus âgés. L’année 2019 sera consacrée au travail sur la question du grand âge, qui représente « un nouveau risque social, auquel nous serons tous confrontés ».
- Plus responsabilisant, car la solidarité nationale « implique des droits et des devoirs ». Le but, c’est vraiment de mettre en place un système qui accompagne « toute personne qui le peut vers une activité professionnelle ».
Le Président a appelé à la poursuite de la restauration de l’ordre républicain
- Sécurité : augmentation des moyens des forces de l’ordre, réforme de la procédure pénale pour libérer des forces sur le terrain ;
- Droits et devoirs : le Service national universel sera précisé d’ici la fin de l’année, « à l’issue d’une nécessaire consultation » : « C’est en connaissant mieux son compatriote, que jamais peut-être on n’aurait croisé autrement, qu’on se met en mesure de le comprendre mieux, de le respecter et de sentir ce lien invisible qui fait la communauté de destin d’une nation. ». « Je sais que notre jeunesse saura s’en saisir »
- Refus de laisser personne s’éloigner de la République : le Président donnera à l’automne à l’islam « un cadre et des règles garantissant qu’il s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République. Nous le ferons avec les Français dont c’est la confession et avec leurs représentants ».
Le Président a annoncé le combat européen à venir, l’année prochaine : « la frontière véritable qui traverse l’Europe est celle qui sépare les progressistes des nationalistes »
- Concernant la question migratoire, « jamais la France n’acceptera les solutions de facilité » proposées par certains aujourd’hui en Europe. « Ce sujet ne peut être réglé ni dans l’émotion, ni dans la fermeture et le repli nationaliste ».
Calendrier des annonces
Congrès : un amendement pour couper court aux polémiques
- Cette semaine, le Gouvernement déposera « un amendement au projet de loi constitutionnelle qui permettra que, lors du prochain Congrès, [le président de la République] puisse rester non seulement pour écouter [les parlementaires], mais pour pouvoir [leur] répondre. »
Rencontre avec les organisations syndicales
- 17 juillet : réception par le président de la République de l’ensemble des partenaires sociaux pour « discuter des transformations de l’Assurance Chômage, mais également de la santé au travail et de tous les sujets indispensables à ces transformations ».
Réception des 100 premières entreprises françaises
- Courant juillet : le président de la République recevra « les 100 premières entreprises françaises, [pour] qu’elles s’engagent en termes d’apprentissage, d’emploi dans les quartiers difficiles ou les zones économiques en souffrance ».
Assurance chômage
- Dans les prochains mois : renégociation des règles de l’Assurance chômage par les partenaires sociaux, pour qu’elles « récompensent bien davantage la reprise d’activité, mais aussi qu’elles incitent à la création d’emplois de qualité », avec une entrée en vigueur au printemps 2019. « Le projet de loi avenir professionnel sera modifié en ce sens dans les prochains jours ».
Solidarités et santé
- A l’automne : « présentation d'une transformation en profondeur de notre organisation de soins afin de répondre aux nouveaux risques, aux nouvelles pathologies, aux transformations de notre santé dans une société qui vieillit et où les maladies chroniques sont beaucoup plus nombreuses. »
- 2019 : l’année sera « consacrée » à la construction du financement et de l'organisation de la dépendance (« nouveau risque social ») et « je souhaite qu'une loi soit votée durant cette année » pour répondre à ces enjeux.
Lutte contre la pauvreté
- Septembre : présentation de la stratégie de lutte contre la pauvreté, pour une mise en œuvre en 2019. Elle sera « construite avec l'ensemble des acteurs », pour proposer une « politique d'investissement et d'accompagnement social », « un accompagnement réel vers l'activité, le travail, l'effectivité des droits fondamentaux, la santé, le logement, l'éducation ».
- A l’automne : « nous déploierons une action à l'endroit des enfants en danger ou maltraités si nombreux dans notre pays »
Retraites
- 2019 : « nous refondrons notre régime de retraite pour protéger mieux ceux dont les carrières précisément sont hachées, instables, atypiques, bien souvent les carrières des femmes d'ailleurs. »
Action publique
- En septembre : « le Premier ministre présentera les nouvelles décisions permettant de tenir les engagements de baisse de nos dépenses publiques », pour une mise en œuvre à partir de 2019
- D’ici la fin de l’année : « le Premier ministre présentera l’ensemble de ses décisions pour la transformation indispensable de l’action publique »
Organisation de l’islam
- A l’automne : « nous clarifierons cette situation en donnant à l’islam un cadre et des règles garantissant qui s’exerceront partout de manière conforme aux lois de la République. »